Archives du 25/03/24

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La dernière fois que j’avais arpenté la plage et les rues pavées de la ville entre les remparts, il y avait deux tout petits minuscules bébés dans mon ventre, et j’avais déjà le cœur en miettes. C’est peut-être la ville dans laquelle je viens me réparer, manger des glaces et regarder les chiens courir sur le sable. C’est le point le plus proche pour aller écouter le ressac, pour perdre le regard au-delà de la ligne d’horizon. Cette fois-ci le ventre est vide, et le cœur impossible à faire redémarrer. La fugue bienvenue et le rire de J. viennent se loger doucement entre mes omoplates, c’est un lundi de répit, un lundi pour oublier les petites nuits d’insomnie, l’angoisse toujours nichée sous le plexus, les larmes jamais loin. C’est un lundi qui me fait croire que tout finira par s’estomper, la colère, le dégoût, le gâchis. Sur les rochers des cormorans se sèchent les ailes au vent, le goût de la crème glacée se mélange au sel sur mes lèvres, j’ai les joues chaudes des premiers soleils et je respire en entier, une fois, deux fois, je calme la roue qui tourne sans fin derrière mes yeux. Je rentre avec deux litorines dans la poche, je n’ai pas osé mettre les pieds dans l’eau mais je sais que bientôt j’irai laver ma peine dans l’océan. Dans la voiture on chante fort, on rit de bêtises, on fait des blagues en reprenant les mots poignards lancés à mon visage il y a cinq, six semaines, je ne sais déjà plus. On se réapproprie la blessure, on la porte en couronne. Ce soir j’irai me coucher avec au creux de l’oreille le vent qui joue dans les rochers et le roulement des vagues, des talismans chéris pour la vie qui continue.

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