Blanche se fait la malle, de Barbara Neely

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J’adore les romans noirs, mais souvent je trouve que les clichés tournent en rond. Le détective alcoolique et désabusé etc, ça finir par moins me parler. Alors ça tombe bien, car ici c’est Blanche qui a de quoi faire en matière de mystère.

Tout commençait mal, Blanche était à nouveau au tribunal pour une histoire de chèques en bois. Cette fois-ci elle ne couperait pas à la prison. La justice est toujours sévère envers les femmes Noires. Mais l’occasion d’une évasion se profile, et une planque toute trouvée vient sauver la mise de notre domestique en fuite. La famille chez qui elle devait se rendre semble encline à l’embaucher, ils partent en vacances, c’est l’aubaine.

Enfin, peut-être que Blanche, pour échapper à la peste, va tomber sur le choléra. Car rien ne va dans cette famille, l’atmosphère est chargée de mystère, de secrets. Et on n’imagine pas tout ce que les petites mains qui œuvrent au bon fonctionnement d’une maison sont en capacité de découvrir.

Ce texte possède un charme désuet très plaisant. Le rythme est estival, on est bien loin des locaux de la police. Tout se joue à huis clos, et la protagoniste possède le talent de nous faire rire par moment tout en ayant un propos éminemment politique. Les rapports de race et de classe sont décortiqués afin de mettre au jour les tensions à l’œuvre entre les personnages, dans un contexte historique où la Segregation n’est pas si loin. Blanche White (how ironic) manie les contradictions, les nuances, la curiosité, la colère, l’empathie et la révolte. Elle renverse les rapports de pouvoir pour notre plus grand plaisir.

Blanche se fait la malle. Barbara Neely. Traduit de l’anglais (États-Unis) par Laure du Breuil. Cambourakis. 2024.

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