J’avais oublié ce que cela faisait, d’être cette fille qui le soir dévie de sa routine pour descendre dans des caves et aller écouter de la musique. De retrouver l’effervescence des corps serrés, de la chaleur qui monte sous le néon vert Live Music qui éclaire la micro scène. Un tampon sur la main, des bouchons dans les oreilles, la tête qui oscille en rythme et dans le ventre les vibrations de la batterie. Je me demande quand j’ai arrêté de faire cela, de vivre à l’extérieur, depuis quand je m’étais réfugiée entre le travail et les soirées blottie dans le canapé, les piles de livres en forteresse. J’ai retrouvé ce qui s’était endormi en moi, j’ai palpé l’épaisseur écœurante de l’attente désespérée qui m’avait façonnée pendant trente mois. J’ai ouvert les yeux, horrifiée, sur l’abîme que j’avais laissé s’installer en moi, m’éloignant de mon rivage pour me tourner, suppliante et idolâtre, vers l’objet de mon adoration. J’ai vécu par son prisme et ai failli m’éteindre. Mais ce soir, dans les rires impudiques et les blagues faites trop fort, dans mon bras qui appuie sur celui de M la douce, dans les lumières qui baignent mon front, dans le bruit, la joie, le ventre dénoué et mes pas dans la nuit, c’est ma lumière que je retrouve, mon été invincible.
On écoute quoi aujourd’hui ?
Sorcière misandre 
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