As Long As The Lemon Trees Grow, de Zoulfa Katouh

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Depuis un an la ville de Homs est méconnaissable. Et la vie de Salama également. Avant la Révolution, elle débutait ses études en pharmacologie, passait ses week-ends à regarder des films de Miyazaki ou à se promener avec Layla, sa meilleure amie et désormais belle-sœur. Mais tout cela c’était avant. Avant les bombardements, la désolation, la mort de sa mère et la disparition de son père et son frère dans les geôles de Bachar El Assad.

Layla est enceinte, et Salama travaille bénévolement à l’hôpital de Homs, réalisant des actes bien trop complexes pour ses dix huit ans et son peu d’expérience. Les deux amies ont pris leur décision, elles partiront dès qu’un bateau sera disponible pour traverser la Méditerranée. Et ce n’est pas sa rencontre avec Kenan, certes adorable et lumineux dans ce contexte morbide, qui la fera changer d’avis.

Je n’aurais jamais lu ce roman si Esther, l’ado la plus mims qui traîne à la lib (traîne dans un sens absolument non péjoratif) ne me l’avait pas mis entre les mains. Je n’avais pas compris qu’il s’agissait d’un roman ado avant de voir que sa traduction était sans une maison d’édition jeunesse. Et je crois qu’il faut avoir le cœur et l’estomac bien accrochés pour se lancer dans cette lecture brutale. Et c’est tant mieux, car je n’avais probablement pas non plus une conscience aiguë d’un quotidien ravagé par la guerre, la peur, le stress post traumatique et la violence. L’accumulation d’horreurs nous pousse naturellement à détourner le regard, oblitérant au passage l’expérience réelle des personnes qui n’ont pas le choix que d’y être confrontés. Là, on se force à ouvrir les yeux sur la Syrie contemporaine, ses conditions de vie terribles mais également les poches de lumière qui subsistent dans les encoignures. La culture, les odeurs de citronniers, les souvenirs d’enfance de Salama, et l’espoir, peut-être, d’un autre champ des possibles qui s’ouvre de l’autre côté de la mer.

Alors j’ai bien pleuré, merci, mais je suis vraiment contente d’avoir découvert un texte à côté duquel je serais forcément passée sans l’enthousiasme d’Esther à me le faire découvrir.

As long as the lemon trees grow. Zoulfa Katouh. Bloomsbury. 2022. 415p.

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