
Dimanche et c’est la lumière du matin qui vient s’échouer sur les draps blancs, le chant des oiseaux invite à la paresse, le temps s’étire et n’a plus aucune importance. Je lis les vers de Pessoa puis j’ouvre tout, je laisse rentrer le soleil, la brise, le dehors, je fais de la place à l’intérieur pour un peu de printemps. Je lis les mots des gens, les mots des mères, je me souviens que cela a failli être ma première fête, le cœur pince un peu, très vite, ce n’est qu’un faux départ. Depuis quelques semaines je respire à nouveau, en grand, à ma mesure. J’expérimente la joie comme rarement auparavant, j’ai quitté le rivage des attentes romantiques, mes heures sont habitées de simple. Le regard, dessillé, peut embrasser tout ce(ux) qui m’entoure, j’improvise des sorties, je scrute les concerts, les spectacles, les échappées. Dans le silence de l’après-midi, je m’emmène au cinéma, je m’y sens à ma place, seule, mais si remplie de cette vie qui palpite. J’achève une semaine à courir, à parler, à écouter,à animer, à conseiller, à chanter, à encrer ma peau, à dormir peu. J’ai retrouvé le petit tourbillon en moi, qui me soulève du sol et me donne tant d’énergie, et j’ai aimé ça plus que de raison. Je rentre en prenant le pouls de la ville, je mets la musique un peu trop fort, je danse dans l’appartement vide. Le soleil se couche et une saudade m’enveloppe, familière. Les soirées dorées qui clôturent les dimanches sont des espaces liminaires dans lesquels déverser la mélancolie douce. Ce soir, tout est calme, c’est une journée de gagnée. Après plusieurs mois à me chercher, à me ramasser, je me rend compte qu’il est donc vrai que tout passe, sauf la joie.
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