Sorcière misandre

Encore deux semaines de l’étrange année, deux semaines avant de claquer la porte, d’enterrer à jamais les colères sourdes de l’hiver dernier, les vieux chagrins, les petites blessures à vif. Alors que les nuits sont sans fin on se réunit au-dessus des bougies, on rit, on se fête, on a dans les yeux la joie douce de l’intimité partagée, des souvenirs. On mange on boit on se couche tard le corps las le cœur léger. C’est dimanche et je décide de disparaître du monde pour la dernière fois de l’année. Je me terre sous la couette, je lis, j’erre dans l’appartement sans me retrouver, je m’agace et je savoure les instants suspendus. Le corps se tait, les heures s’égrainent, la journée vite engloutie n’apporte rien. Latence dans mes semaines pressées, je n’ai de goût qu’au sommeil, je me laisse tranquille, pour une fois. Je dors parce que ça n’est pas si facile, d’intimer le silence aux petits renoncements, de trouver l’endroit confortable, d’oblitérer décembre et ses courants d’air jusque dans le ventre.