Archives du 22/10/2024

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Ce que deux mille vingt quatre m’a fait, j’ai du mal à le saisir avec acuité. Mais je sais cependant qu’elle m’a redonné des contours, et que s’ils ne sont pas encore totalement définis, ils sont plus acérés qu’auparavant. Ce que deux mille vingt quatre m’a fait c’est me rendre ma densité, mon épaisseur. J’ai émergé de plusieurs années à me fondre en l’autre, à me plier à sa projection en ayant souvent honte de ce qui me donnait de la joie. J’en suis sortie comme d’un vêtement qui gratte mais que l’on répugne à jeter ; triste mais soulagée, nue, curieuse et déterminée. J’ai eu besoin de creuser la distance avec un monde où l’intellectualisme et le surplomb culturel ne sont pas des marques d’appréciation réelle des œuvres mais un rempart que l’on dresse face aux autres, pour s’en protéger. J’ai poussé les curseurs loin, j’ai assumé, joyeusement, mon refus d’y participer. À coup de films populaires, d’un humour fleuri et douteux, j’ai tenté le pari de faire cohabiter plusieurs facettes de ma vie. Ce week-end, j’ai pu guérir une autre part de moi. Face à des personnes à la pensée fascinante, à un public attentif, je me suis rappelée que j’étais également capable, intellectuellement, que je savais produire une pensée, la structurer, parfois même être un peu brillante, quand les circonstances s’y prêtent. Après tant de mois à tenter l’équilibre, à trouver un espace où je me sente bien, je me creuse un endroit confortable, où exister dans toutes mes dimensions. Et je souffle, enfin, d’avoir épuisé mes doutes à l’idée de réconcilier mes morceaux.

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