
J’ai ouvert les yeux je me suis dit c’est encore la nuit mais je ne dormirai plus. Il y a la valise à finir et un peu de temps à prendre pour m’offrir mes cadeaux, lire alors que le monde est encore silencieux. Dans les jours tourbillons tout va trop vite les journées accumulent des paquets des commandes des livres à ranger des phrases que l’on répète mille fois voulez vous un sac ou du papier cadeau et le soir c’est seulement mon corps qui rentre à l’appartement et se réchauffe une soupe. L’esprit est à la fois vide et embrumé, ne subsiste que l’envie de tendre la main aux petites interactions sociales qui apaisent, ne subsiste que la capacité à fixer un écran trop longtemps, trop tard, à remplir la chambre de musique. Alors le matin le corps me réveille trop tôt, et dans la nuit encore épaisse je lis, je récupère le silence que les heures suivantes me volent. Pendant une heure ou deux j’existe dans un espace feutré, froissée de sommeil, le corps déjà douloureux, mais à l’écart du temps. Ce matin c’est Noël, c’est le dernier jour de cette tension et déjà je vis le petit relâchement des nerfs, déjà je me sens toute en eau. Noël et chaque année au réveillon je pleure car il est tard et que je suis épuisée et que je voudrais juste dormir s’il vous plaît. Je sais que ce soir ne dérogera pas. Mais c’est encore le matin, et j’ai collecté ce mois-ci de quoi me remercier de cette année de vaillance. La fatigue me délite, le corps m’abandonne, mais j’arrive enfin au terme de cette endurance et embrasse la perspective du repos avec un insensé soulagement. C’est le matin, c’est Noël, il faut faire de la place pour la joie.
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