Saviez-vous qu’il existait un livre, un texte mystérieux capable de faire trembler un gouvernement ? Un livre qui effraie les pythies, qui porte en lui le ferment des révolutions, un livre qui pourrait ruiner les plus belles journées de la Royal Team France, du leadership comme on l’aime à Versailles et de la valeur travail. Ce livre, c’est le Livre des comptes.
Martin Mongin est à la fois un génial manipulateur littéraire ainsi qu’un grand cinglé. Ses précédents romans s’amusaient avec les codes littéraires, les genres, et c’est ce même procédé (qui lui réussit bien) qu’il emploie dans ce nouveau texte. Tour à tour roman d’anticipation, pamphlet politique, conte oriental, roman d’aventures ou article scientifique, ce Livre des comptes contient également un roman dans le roman (dans un style tout SF années 70 trop d’adjectifs un ton un peu trop ampoulé ça marche super on voit exactement les références).
Quant à la satire politique, bien que personne ne soit nommé, nous retrouvons un président jupitérien facilement identifiable qu’on ne se lasse pas de voir tomber de son piédestal ainsi qu’un investisseur richissime propriétaire de médias et aspirant à prendre devenir calife à la place de. Œuvre foisonnante de références, de symboles, de signifiant partout (et de justice à certains endroits), Le livre des comptes nous fait sourire, voire glousser de l’impertinence de son auteur (adepte au fil de ses textes de petites gifles-parfois littérale-très à propos) tout en n’éludant pas les sujets importants (ou les personnages forts comme Shotokan Jim le meilleur d’entre nous).
Fantaisie et révolution forment un alliage puissant et qualitatif et nous font voyager dans le temps et l’espace. On aime se perdre dans les dédales de la pensée de l’auteur car il nous fait toujours retomber sur nos pattes, avec humour. Cependant, je laisserai le mot de la fin au philosophe contemporain de la ruralité : »C’est beau mais c’est loin. »
Le livre des comptes. Martin Mongin. Tusitala (maison d’édition indépendante). 2025. 663p.
Sorcière misandre 
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