Il y a la vie, avec le travail et les copains, les livres dévorés, la musique toujours dans les oreilles. Et puis il y a ce que l’on voit – au cinéma, chez soi, au théâtre- et ce que l’on met à ses oreilles pour comprendre le monde. Et ça, aussi, j’avais envie de vous en parler.
Voir
- Carmen. de François Gremaud
Carmen. (avec un point c’est important) est une adaptation par François Gremaud de l’opéra de Bizet. J’ai eu la chance de la voir au TNB, dans une interprétation virtuose de Rosemary Standley, accompagnée de cinq musiciennes. Ici, l’opéra est décortiqué minutieusement afin d’être expliqué au public. Nous ne voyons pas Carmen, nous voyons la Première de Carmen. Bon, et nous voyons quand même Carmen aussi, le texte, la glose, on emballe tout et on en sort un spectacle aussi drôle que brillant, une merveille d’intelligence mettant l’opéra à portée de toustes. Rosemary joue avec le public, interprète tous les personnages – et donc toutes les tessitures- nous fait voir une interprétation du texte bien plus moderne qu’on ne pourrait le croire de prime abord. C’est chaud, vibrant, superbe.

Revoir
- The Fall Guy – David Leitch
Je l’avais vu au cinéma au printemps 2024 et j’ai eu le plaisir de le montrer à J&J (alias Les Juls) lors de l’un de nos Mini Cinéclub Tonic. The Fall Guy est une comédie d’action romantique (oui, tout en même temps, c’est là le sel de la vie) avec Ryan Gosling et Emily Blunt (que j’aime beaucoup, tous les deux, surtout dans des rôles comiques). Ce film est exactement l’essence de ce que j’aime dans le cinéma de divertissement : il ne se prend pas au sérieux, il y a de très bonnes punchline, il nous montre les coulisses du cinéma dans une joyeuse mise en abîme. Personnellement j’adore ce qui tourne autour des cascades et de leurs mises en scène, là j’étais donc servie. Et pour bien me draguer, le film distille subtilement (non) des références à Fast and Furious (bientôt un post entier consacré à mon amour premier degré pour la franchise), une scène hilarante sur Taylor Swift, et du karaoke. Succès pour tout le monde.
(Du même réalisateur, et avec la même qualité humoristico-bagarre, l’excellent Bullet Train (et les gros bras d’Aaron Taylor-Johnson)

Ecouter
Aujourd’hui la présence des idées d’extrême droite sur Internet et notamment sur les réseaux sociaux semble inévitable. Xavier de la Porte, du podcast France Inter « Le code a changé » se pose la question en 3 épisodes face à des invités brillants (mais qui parfois m’ont un peu perdue, notamment Yanis Varoufakis et les questions de techno-féodalisme. Ce qui est fascinant c’est de voir à quel point le monde a changé et comment des pans entiers de fonctionnement de notre économie, de nos liens de subordination à certaines entreprises, ont totalement migré pour venir se jouer dans les sphères virtuelles – mais réelles) d’internet. C’est un peu effrayant, et cela donne envie de renouer avec le vrai, le concret, le réel, ce que peut incarner par exemple Bernie Sanders aux Etats-Unis.
Ces deux épisodes du podcast « Un podcast à soi » m’ont passionnée, émue et ont généré des tas de réflexions chez moi. Le sujet (bien plombé je le sais) de la mort m’a toujours profondément intéressée et depuis des années je multiplie les lectures et les écoutes afin de cerner la manière dont nous – en tant que société occidentale – le traitons. Charlotte Bienaimé nous invite avec une infinie douceur à repenser le rapport à la mort et notamment à la mort proche de nous. Depuis quand mettons-nous autant de distance avec la mort de nos proches (plus de veillée à la maison, des soins donnés par des inconnus etc). En rencontrant des professionnelles de l’accompagnement post-mortem, elle propose de réduire la distance -malgré le chagrin, et peut-être même pour le vivre autrement- avec cette mort qui nous meurtrit mais qui est pourtant inéluctable.

(Et une illustration formid’ d’Anna Wanda Gogusey)
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