Les petits fantômes en moi,
comme des couteaux
guettent l’arrivée du printemps.
Tous les soirs lever le nez pour voir la première étoile apparaître et serrer le poing comme une revanche des minutes gagnées sur le noir. Hier soir m’enveloppait le parfum des mois de grande lumière, la descente bleue dorée du jour et la douceur des nuits qui promettent. J’aurais pu en pleurer, de ce printemps fugace dans le creux de la brune. Ce n’était pourtant encore que février, j’ai dû freiner l’excitation à mon ventre. Il faut patienter encore, courber l’échine un peu. Mais chaque jour se faufile un peu plus le serment du vent qui caresse les feuilles, des stridulations dans les herbes hautes, du ressac et du sel sur les joues. Pour l’enfant de l’été qui sommeille sous ma peau, comme il est long l’hiver, comme il me gifle chaque jour de ne jamais finir. Il faut nourrir le feu, et porter à mes lèvres des raisons d’espérer. Il faut user les nuits de rêves et de fêtes, de ruelles arpentées, de disques sur la platine, de projets chuchotés. Il faut se rappeler, chaque jour, chaque heure, la joie d’être là, et les bras qui nous serrent, les plus petits miracles que l’on arrache avec les dents. Se faire violence et planter dans sa terre tout ce qui peut germer, tout vivre tout voir s’en gorger à pleines mains. L’hiver gagne encore du terrain mais j’ai sous les paupières un incandescent brasier, un ciel d’été fait de constellations, la foi sereine de qui ne doute jamais des merveilles à venir. Je hante mes friches d’une éclatante joie, à m’en faire vaciller.
On écoute quoi aujourd’hui ?
Sorcière misandre 
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