J’ai profité de l’été pour regarder/écouter quelques trucs, peut-être un peu moins que précédemment, mais voilà toujours quelques recommandations en vrac.
Voir

Un reportage glaçant en deux épisodes sur Arte (il faut que je finisse le deuxième) sur la Colonia Dignidad, projet de vie communautaire mené par Paul Schäfer au Chili à partir du début des années 60. Bon, sous « projet communautaire » vous pouvez mettre secte, on va dire les termes. Le reportage, très très illustré car Paul Schäfer a fait prendre beaucoup d’archives vidéos, est parsemé de témoignages d’anciens enfants de la colonie. On m’a conseillé ce reportage car la colonie est mentionnée dans le roman « Même le froid tremble » dont je vous ai pas mal parlé. C’est assez terrifiant de voir des images d’archives de gens feignant le bonheur, le tout dans une obsession de l’ordre, de l’organisation.

- Yellowjackets
Sur les recommandations de ma chère Marinette, j’ai mangé en trois semaines environ les 3 saisons de Yellowjackets (Canal+). Le pitch est simple, une équipe lycéenne de foot féminin part en avion faire un championnat dans les années 90. L’avion s’écrase en pleine forêt, elles ne seront secourues que 19 mois plus tard. Vingt cinq ans après les faits, quatre survivantes liées par un pacte de silence vont être amenées à reprendre contact. C’est EXACTEMENT ce que j’aime : de la survie, un côté un peu horrifique, des secrets, des détails un peu gorets, pratiquement que des meufs (et les personnages de mecs sont plus drôles que flippants). Le casting est vraiment très cool (Cristina Ricci, Sophie Thatcher, Juliette Lewis etc) et si j’ai vu pas mal d’avis un peu partagés sur la saison 3, je trouve que ça avance bien, les scénaristes ont l’air de savoir où ils vont, le suspense reste bien présent et certains personnages sont vraiment de plus en plus zinzins. Parfait pour un automne un peu spooky.

- We live in time
J’avais vu passer la bande annonce de We live in time (Canal +) lors de sa sortie, et j’avais hâte d’y jeter un coup d’oeil car j’aime beaucoup Florence Pugh (je sais que je vous l’ai déjà partagée mais j’aime énormément cette vidéo d’elle en train de manger des sauces piquantes) et je trouve qu’Andrew Garfield a beaucoup de charme. Je savais que j’allais pleurer, vu que c’est une histoire de maladie et d’amour. Basiquement le « Nos étoiles contraires » des adultes. Et ça avait un peu de côté là. Mais c’était chouette, leur histoire est très mims, le fait qu’elle soit cheffe est assez original et d’ailleurs sa relation avec sa commis de cuisine était vraiment touchante. Pouce levé pour la scène d’accouchement dans les toilettes d’une station essence. Bref, j’ai passé un chouette moment et j’ai fini en reniflant sérieusement. Si vous avez des angoisses de mort, ou de laisser un enfant orphelin, ne regardez pas.

- So British à la Gacilly
C’est un Voir dans la vraie vie car l’expo photo annuelle de la Gacilly se termine dans trois semaines donc il est encore temps d’aller y faire un tour. Comme d’habitude, il en faut pour tous les goûts, impossible de tout aimer. Mention spéciale pour Don McCullin, reporter de guerre et talentueux pro de la photographie sociale. Tony Ray-Jones également, de la chouette photo sociale, en noir et blanc, et bien évidemment Martin Parr mais ! Oui, mais, si vous y allez surtout pour lui vous pourriez être un peu déçu-e, car les photos exposées sont les mêmes que lors de l’exposition rennaise au FRAC en 2020. Pas de nouveautés donc à ce niveau, ce qui est un peu dommage vu la profusion de l’oeuvre du photographe. Et si vous êtes à la Gacilly, passez voir The Color Factory, un magasin de peinture (aquarelle) tellement joli que vous ressortirez forcément avec quelque chose. Je suis ressortie avec une petite boîte de 6 bleus différents alors que je ne fais pas d’aquarelle donc vraiment, je suis une énorme pigeonne. Mais je n’ai aucun regret.
Écouter

J’ai mis longtemps avant de me lancer dans le podcast de Sophie Riche sur son parcours de PMA au sein d’un couple de femmes. Parce que pendant longtemps je n’étais pas intéressée par les parcours des autres. Parce que je pensais que le mien serait rapide, parce que je ne voulais pas comparer, pas flipper pour des trucs qui ne m’arriveraient pas. Parce que chaque parcours est unique. Et puis, bah, il arrive un moment où ça fait trois ans qu’on est en parcours et on se dit que ça pourrait être chouette d’écouter ce qui est arrivé aux autres, pour se sentir moins seule, pour apprendre, pour se dire que le gros doigt vengeur du destin ne s’acharne pas que sur nous. C’est terrible de presque se réjouir de ne pas être seule à être au fond du seau. Mais aussi, surtout, ça donne de l’espoir, d’entendre que souvent ça marche. Alors ici je ne vous spoile rien, mais le parcours de Sophie est raconté avec beaucoup de précisions pour les gens qui n’y connaissent rien, beaucoup d’anecdotes très drôles, mais surtout beaucoup de douceur. J’ai tout écouté en trois jours, j’ai pleuré pas mal de fois, pour elle, pour moi, pour cette endurance que ça demande, et puis j’ai eu envie de le partager.

J’ai découvert je ne sais plus où que Laurène Marx et Rose Lamy avaient un podcast, c’est déjà une joyeuse nouvelle. Mais surtout j’ai découvert que leur dernier épisode en date s’attaquait au documentaire consacré à Bertrand Cantat. En décortiquant les images et la narrations, Laurène et Rose dissèquent également les mécanismes récurrents de la société concernant les hommes violents. Les mythes, l’impunité liée à la célébrité. C’est très accessible, on n’a pas besoin d’avoir vu le documentaire (c’était mon cas) et même si ça dure une heure et demie, la discussion est très fluide. J’avais l’impression qu’elles étaient dans mon salon pendant que je faisais du puzzle, sans aucune posture, avec un langage simple, parfois familier. Ca change des podcasts France Culture (que j’aime énormément également), et c’est assez rafraîchissant.
Lire

Oui je sais, je triche. Mais ce n’est pas d’un livre dont je voudrais vous parler aujourd’hui, mais d’une revue. Une revue qui existe en ligne mais aussi en version papier, et qui m’a permis, cet été, de lire les articles les plus passionnants. La revue a changé de nom il y a quelques mois et s’appelle aujourd’hui (en format physique) FUTU&R , mais la formule reste plus ou moins la même. Dans chaque numéro, un rapide tour de l’actualité, puis un dossier thématique aux sujets extrêmement variés. La revue fait dialoguer des personnes qui ont des avis divergents sur des sujets, mais reprend également d’anciens articles pour voir comment ils ont résisté au temps, parle d’expériences journalistiques ou explore des uchronies. Dans le dossier « Comment être de bons ancêtres », j’ai été fascinée par les pistes avancées dans certaines villes (Europe ou Monde) pour se remettre à penser sur le temps long (ce dont on a besoin aujourd’hui pour mettre du sens dans nos existences), mais j’ai aussi appris énormément de choses sur notre connaissance des océans dans le dernier numéro. C’est un mélange d’articles sur la science (hyper accessibles), la culture, la vie en société, les technologies, la philosophie, pour parler du présent au travers du prisme du futur. Il y a des articles en ligne passionnant, et la revue est très agréable à lire, à grignoter en fonction des angles ou des thèmes abordés.
Laisser un commentaire