Sorcière misandre

L’hiver n’est pas fini et il me reste encore des tas d’albums que j’ai envie de partager avec vous. Par honnêteté intellectuelle il faut que je vous dise que cet article est en partie rédigé alors que je ponce une playlist intitulée « Workout Latino » et que je suis possédée par l’esprit de Bad Bunny. Cet article est donc mi écrit, mi twerké et je suis renforcée dans l’illusion d’être sexy et badass, alors que si je vivais une vie de thug en Amérique latine mon pronostic de survie serait au max de quatorze minutes.

MAIS, j’ai des tas d’albums de rock indé, shoegaze et autres musiques de trentenaire qui gentrifie son quartier à vous présenter. Je vais aujourd’hui me contenter de trois choix, déjà car trop de joie nuit à la santé dans cette société malade, et ensuite parce que je compte bien vous refaire des articles ultérieurement, donc ne grillons pas toutes nos cartouches immédiatement.

Show & Tell, de Bored At My Grandmas House

J’ai eu un énorme coup de coeur pour l’album Show & Tell de Bored At My Grandmas House. Album découvert un peu par hasard alors que l’on planifiait des concerts à Manchester avec mon adorée cousine Margot (cette phrase est un énorme flex et je ne m’excuserai pas). Il se trouve que nous allons voir Soccer Mommy (dont je vous reparlerai) et Bored At My Grandmas House fait la première partie du concert. Et c’est vraiment vraiment chouette. L’intro de l’album nous plonge dans une ambiance très Slowdive. Et enchaîne directement avec le morceau qui donne son nom à l’album et qui est probablement mon préféré : Show & Tell . Et si ce premier album est encore un peu un tâtonnement, avec des morceaux qui se ressemblent pas mal, certains titres ont un univers vraiment très agréable (Heavy Head, notamment, qui rappelle un peu de vieux albums de Daughter.)

One More Thing, de Lime Garden

C’est bien simple, cet album de Lime Garden s’ouvre et se referme par les deux meilleures chansons. La première, Love Song, est d’une énergie folle : mettez-la pour risquer une luxation de la hanche dans votre salle de bain, faites comme si demain – et vos voisins – n’existaient pas, et appréciez le plaisir simple de l’existence. Encore un album de meufs qui font des bons sons, on en a jamais trop donc jetez-vous dessus comme la vérole sur le bas clergé.

Avant d’arriver à la fin de l’album – très chouette au demeurant hein, sinon je ne vous en parlerais pas – je vous conseille de vous arrêter sur I Want To Be You , Fears (qui fleure bon les années 2000 d’une manière que je ne saurais vraiment bien vous décrire) et, une fois que vous aurez fait le plein d’énergie, de terminer par Looking, petit bijou de mélancolie qui clôture l’album. A écouter en fixant le plafond, insérer dans ses playlists de rupture ou si l’envie vous prend de vous ouvrir les veines dans un bain chaud. Mais vraiment, probablement le plus beau titre de l’album, premier degré.

Can’t Make You Love Me, de Gena Rose Bruce

J’ai découvert Gena Rose Bruce sur le compte de Sufragettes Records, un disquaire australien qui a l’air incroyable et propose majoritairement des recommandations d’albums de meufs ou de minorités. Et cette artiste est arrivée à côté de la mention « Si vous aimez Mazzy Star », et ça tombe bien, car j’aime bien Mazzy Star. Et force est de constater que oui, il y a quelque chose dans la voix, dans la douceur qui flirte avec une forme de langueur, et les guitares si fin 90’s codées qu’on dirait qu’elles annoncent le retour des tops en polyester. L’ouverture de l’album, avec The Way You Make Love, nous plonge directement dans un cocon douillet. Logan’s Beach et Angel Face s’enchaînent, ça glisse tout seul, mi ballade-mi pop ( Angel Face a une petite guitare qui pourrait être l’ouverture d’une série dans la Trilogie du Samedi). I Can’t Be That Easy est un morceau parfait car il mêle une énergie étonnante à énormément de seum, à brailler à genoux pour essayer de retrouver un peu d’estime de soi. Mais, comme pour Lime Garder, le point d’acmé de l’envie de se foutre en l’air – dont je suis extrêmement friande – c’est le très très très beau I Don’t Think I’ll Ever Get Over You. On est arrivés au bout du scotch, je dirais rupture Jour 12, on a passé la colère et le déni, on est au coeur de la tristesse. Et ça fonctionne parfaitement. Bref, un album qu’il est chouette.

Je vous garde d’autres petites beautés pour un moment ultérieur, en attendant, écoutez de la musique, achetez des disques, allez voir des concerts, bref, faites vivre les artistes ( et éventuellement, regardez en boucle cette vidéo des Grammys où Benson Boone, dans un costume qui me donne envie d’être le tissu brillant qui le recouvre, effectue un salto avant d’enchaîner des notes très aiguës. Moi ça me donne de la joie et une élévation de ma température corporelle, mais je pense que c’est le combo mulet /moustache)