Pas de Écouter / Voir en Mai car la vie, cette facétie, m’a juste volé mon temps et je ne suis pas persuadée d’avoir été une grande ambassadrice de la culture. Juin non plus n’exagérons pas, mais j’ai quand même deux trois trucs sympas à vous partager. Ca risque de partir dans toutes les directions, on est multiple ici et on n’a pas de DA.
Voir
- Vers les Métamorphoses, d’Etienne Saglio
J’avais découvert Etienne Saglio et son univers aussi poétique que mystérieux avec son précédent spectacle « Le Bruit des loups ». Il m’avait été recommandé par ma copine Julie qui connaît toutes les choses de théâtre. Je l’avais vécu comme une révélation, un choc esthétique. J’avais ri, pleuré, été fascinée comme une enfant. Et si le goût particulier de la première rencontre avec un artiste ne peut se reproduire, j’ai trouvé à « Vers les Métamorphoses » beaucoup – BEAUCOUP – de grandes qualités. Etienne Saglio excelle dans l’art de rendre la magie intensément poétique. On retrouve des motifs récurrents dans ses spectacles : les géants, la forêt, la rencontre avec l’inconnu. Les protagonistes sont autant comédiens que marionettes, les décors très mouvants et la musique hypnotique. Si ce spectacle est un poil sombre (dans la thématique mais surtout dans l’éclairage, mamie aurait bien remonté la luminosité de 5%), je pense que c’est afin de préserver le mystère sur certains procédés. Mais, comme d’habitude, on reste comme des gosses, émerveillé-es face au déploiement d’ingéniosité d’Etienne Saglio. Si vous voulez en avoir un aperçu, c’est par là .
- Les spectacles de Taylor Tomlinson sur Netflix
Des trois spectacles disponibles sur la plateforme, j’ai eu l’occasion d’en regarder deux, Look At You et Have It All. Il n’y a rien de moins bien partagé que les goûts en humour et j’ai totalement conscience que si Taylor Tomlinson en fait mourir de rire certain-es (moi elle me fait copieusement glousser), on peut aussi totalement passer à côté de son humour un peu acide, très générationnel. Elle parle avec un peu trop de franchise (il n’y en a jamais trop selon moi, mais bon, je préviens) de son éducation chrétienne, de sexualité, de sa bipolarité, de ses sentiments ambivalents pour ses ami-es. Je ne m’étends pas beaucoup plus, le stand-up c’est toujours assez clivant, il y a peu d’artistes qui me fassent vraiment rire du début à la fin (et de moins en moins d’hommes, désolée, vous n’êtes pas si drôles.) mais là c’était plutôt une bonne pioche.
Oui alors je sais, dit comme ça vous allez vous demander si j’ai vraiment dévissé. (Alors que vous savez très bien que 1) oui et 2) depuis longtemps). J’ai découvert la chaîne YouTube de Natalie Wynn (aka ContraPoints) via Louise Morel qui m’avait conseillé de regarder sa vidéo consacrée au Cringe (car ça fait maintenant 4 mois que je mûris une newsletter sur le sujet qui ne verra probablement jamais le jour mais bon, ça n’est pas le sujet ici). J’ai donc découvert les longues (très longues, ici on parle de 2h50) vidéos de cette philosophe étasunienne. Dans celle-ci – vidéo citée par Léane Alestra dans son dernier ouvrage « Les Vigilantes »- elle prend pour base la série de livres Twilight de Stephenie Meyer pour développer toute une réflexion sur la question de la romance, du désir, de l’hétérosexualité, de la pulsion de vie / pulsion de mort, des fantasmes et de leur culpabilisation etc etc. Le tout avec énormément de références, beaucoup de blagues (car Natalie est extrêmement drôle, d’un humour très pince sans rire que j’affectionne) et surtout une foule de concepts décortiqués jusqu’à la moelle. Parfois ça va un poil vite sur certaines slides d’illustration, mais sur un contenu de presque 3h, le but n’est pas de tout retenir. Et ça ouvre tellement de perspectives que maintenant mon cerveau est en surchauffe. Je vais attendre un peu avant de regarder d’autres de ses vidéos, histoire de digérer celle-là. Mais on ne peut que souligner avec admiration le travail de sources, la solidité de la démonstration, et la posture éthique (plus que morale, terme que je trouve souvent trop binaire) assez impeccable.
Écouter
Vous avez été pas moins de quatre personnes à m’envoyer le lien de ce podcast, ce qui me fait toujours à la fois beaucoup rire mais aussi très très plaisir car vous êtes des petits coeurs. J’en ai écouté deux épisodes sur les quatre, mais je peux déjà vous le recommander car il s’agit d’une série extraite de l’émission Le Cours de l’Histoire, fleuron du service public radiophonique donc j’ai confiance. Je commence à avoir écouté / vu / lu beaucoup de choses sur ce sujet, mais j’ai appris encore pas mal de trucs, ce qui m’a réjouie. On a toujours peur de retomber sur les mêmes thèmes, les mêmes poncifs, mais là, franchement, je n’ai pas trouvé cela redondant par rapport à ce que j’avais pu écouter précédemment, c’est donc un bon point.
Toujours France Culture mais cette fois-ci avec un épisode du Book Club consacré à deux ouvrages, celui de Mathilde Levesque (Une résistance à dire le viol) et celui de Manon Garcia (Vivre avec les hommes). Episode assez chargé, on ne va pas se mentir, sur un sujet qui m’intéresse énormément et sur lequel j’ai envie de lire beaucoup. J’ai d’ailleurs lu le texte de Mathilde Levesque et je vous en reparlerai ultérieurement, en le mettant en regard d’autres textes sur le même sujet. Les paroles des autrices se complètent et forment un portrait global assez glaçant (comme on pouvait s’en douter). Pour en avoir discuté peu de temps après avec l’autrice Marion Dubreuil (journaliste et dessinatrice judiciaire qui sort à la rentrée un texte sur Mazan), cette dernière m’expliquait que contrairement à beaucoup de grands procès, celui-ci n’a pas eu de captation vidéo. Ce qui explique peut-être en partie pourquoi autant de livres sortent à son sujet, comme une nécessité de raconter, de faire trace d’un événement judiciaire historique afin de ne pas le laisser se perdre dans l’Histoire. Pour en revenir au BookClub, comme d’habitude, c’est impeccable sur les questions, brillant, simple et assez touchant.
Et voilà pour les recos du moment, je prends évidemment les vôtres en commentaire, histoire d’alimenter ces listes sans fin que j’ai toujours plaisir à consulter.
Sorcière misandre 
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