Sorcière misandre

Pendant quatre jours on ne se quitte presque pas. On chante des chansons ensemble et on rit en s’éventant dans la touffeur du soir de presque été, on braille trop fort et on danse et le lendemain rebelote on se retrouve devant un film et ça parle fort et trop et ça rit et on note les meilleures blagues pour s’en souvenir toujours. On se dit qu’on s’aime et qu’on a de la chance, d’avancer en bande comme ça. On mesure la force des hasards qui nous mettent sur des routes si bien fréquentées. Samedi c’est parti, entassées dans la voiture on se lance à l’assaut de la mer, on paresse à l’ombre, on lit, on se raconte nos vies. Dans un coin, le petit enregistreur capte les bruits du ressac, et nos rires. On coche des cases dans la liste mentale de l’été, la glace, le pique nique, les coups de soleil. On rentre alors que le soleil brûle encore, il se couchera si tard ce soir là. La musique déborde par les fenêtres, on danse sur nos sièges, trois jours déjà et c’est sans fin. Dimanche paresse et puis se retrouver, raconter la soirée de la veille, errer dans les rues à peine plus fraîches, manger une glace en terrasse, boire un deux trois mille verres et danser seules dans le bar, repousser la nuit qui coule sur nos épaules, faire de l’angoisse du dimanche soir un éternel samedi, goûter l’improvisation, la bride qui lâche. Il reste des dizaines de photos et de vidéos, preuves pour toujours de ces instants passés trop vite, il reste nos meilleures blagues dans des notes de téléphone, déjà vidées de leur substance si l’on essaye de les raconter à nouveau, elles ne témoignent que de la fulgurance de notre hilarité.

Lundi, le soleil est reparti, on reprend le chemin de la vie sans les parenthèses, on met de la crème hydratante sur les marques écarlates du week-end, on boit de l’eau, on sourit.