Écouter / Voir de l’été

Written by

·

Mon crédo ces derniers temps c’est de courir absolument partout et dans toutes les directions, et mes activités culturelles s’en ressentent. Non pas parce que je n’écoute ou ne regarde rien, mais parce que je regarde mille trucs différents, j’écoute sans ligne éditoriale. C’est chouette, parce que c’est un peu comme la vie, et que ça alimente ma passion pour les sujets de niche. Ici, dans ce écouter/voir de l’été, je vous retranscris pêle-mêle1 ce qui m’a agité le cerveau depuis début juillet.

Voir

Clean With Me (After Dark)

Ce documentaire était mentionné dans l’essai Les Vigilantes de Léane Alestra et m’avait donné très envie. Pour le visionner j’ai donc pris un abonnement temporaire (que j’ai oublié de désactiver donc me voilà repartie pour un mois c’est pas grave je vais faire mon intellectuelle en regardant des films de Carole Roussopoulos jusqu’à en avoir pour mon argent) sur Tënk. C’est une très chouette plateforme consacrée aux documentaires, qui propose des films gratuits (après abonnement payant) et d’autres à prix modique. Clairement je n’ai pas de regret à payer 3€ pour voir un doc de 25 minutes s’il est de qualité et c’était le cas ici. La réalisatrice Gabrielle Stemmer s’est intéressée aux vidéos qui pullulent sur Youtube de femmes se filmant en train de faire le ménage. Tout le documentaire est à partir de l’écran de son ordinateur, et il n’y a aucune voix off. Elle nous laisse faire le petit travail d’interprétation que l’on a l’habitude de nous mâcher. Et c’était super.

Into The Deep (Crime en eaux profondes)

J’ai chopé cette reco dans une de mes recos de la rubrique Écouter, comme quoi on pratique un fonctionnement en arborescence par ici. Ce documentaire est complètement zinzin. Évidemment c’est une prod Netflix donc on aime le drama et ça change de l’esthétique de celui dont je vous parlais avant. On n’est pas totalement sur un énième documentaire de true crime avec reconstitutions. On est sur un doc de true crime avec réactions en direct. Oh yeah. La réalisatrice du documentaire était depuis un an dans une entreprise de sous-marins pour filmer un documentaire au sujet de leurs avancées et du patron, un gentil zinzin idéaliste. Sauf qu’un jour le type embarque avec une journaliste dans le sous marin et ne réapparaît que le lendemain, seul. Je ne vous en dis pas beaucoup plus, mais c’est vraiment « the gift that keeps on giving ».

Taken 3

Cet été au programme du Mini CinéClub Tonic, on a (re)vu les Taken. Vu que j’ai découvert une passion pour les films d’action et /ou automobiles, voir Liam Neeson menacer des gens au téléphone et filer des pancartes à tout le monde semblait inévitable. Je n’avais vu que le premier, et clairement je n’ai pas été déçue. Ca n’a pas si mal vieilli et vu qu’on ne s’attend à aucune crédibilité scientifique on ne peut pas avoir de mauvaise surprise (qui aurait pu prévoir que des tueurs albanais étaient d’aussi mauvais tireurs, je m’interroge). Le deuxième a un petit ventre mou (mais moi aussi donc je ne vais pas le juger) mais le troisième nous cueille avec brio. Mention spéciale pour le duo père/fille qui s’étoffe bien à chaque film et sort la fille d’une position de gentille neuneu qui attend uniquement que son père vienne la chercher. Et puis on aime bien Liam Neeson (qui sort apparemment avec Pamela Anderson, I mean, est-ce déjà Noël ?)

Purple Hearts

Jadis quand j’étais sur Instagram j’avais fait un sondage sur vos recommandations de films romantiques histoire de me laver les yeux après ce scandale de The Idea Of You et l’une d’entre vous avait recommandé Purple Hearts. On ne va pas se mentir, ça n’est pas bon. Mais ça fait le taf si, un soir, errant dans l’existence (ou votre appartement) en vous demandant quoi faire (en agitant un peu les bras comme un enfant boudeur) vous vous dites : et si je regardais un film un peu nul où l’intrigue n’a aucun suspense mais où je vais voir des gens tomber amoureux selon le trop usé jusqu’à la corde mais confortable (comme un vieux slip) trop dit des « enemies to lovers ». Une musicienne/barmaid fille d’immigrée mexicaine à la santé précaire rencontre un militaire à la très avantageuse mutuelle sur le point d’être déployé en Afghanistan pour l’amour de sa patrie et de la paix. Bon an mal an, ils vont tout simplement se marier pour frauder la mutuelle. Et c’est ça le film (non, y’a d’autres trucs, mais c’est un peu ça le film). Comme quoi, on fait des films avec absolument tout. J’ai regardé, j’ai pas de regret, mais j’ai pas non plus un délirant enthousiasme.

Big Mouth, dernière saison

Si vous n’avez pas eu le plaisir de regarder Big Mouth depuis ses débuts, je vous invite (si vous avez le coeur bien accroché) à vous lancer dans cette hilarante et brillante série animée sur la puberté. Une bande de pré-ados (qui grandit bien vite) se retrouve affublée d’Hormone Monsters, des créatures hormonales destinées à les guider (les leurrer et les perdre) dans la puberté. C’est trash, c’est sans aucun tabou, ça parle d’absolument tout ce qui peut nous passer par la tête (même le plus tordu) quand on est au collège puis au lycée. Mention spéciale aux personnages de Lola Skumpy (qui a la même voix qu’un ancien candidat de Love is Blind, flippant), Coach Steve l’âme pure et les jumelles scandinaves adeptes du cannibalisme. La dernière saison ne perd pas en saveur, en chansons absurdes et en références au bus magique. (A partir de 16 ans, cependant)

Quand l’Histoire fait date : 1347, la peste noire

Je vous l’avais dit, c’est le grand écart dans ces recommandations, Eros et Thanatos, tout ça tout ça. Mon collègue Jérôme m’a transmis, petit à petit, sa passion pour Patrick Boucheron, l’historien le plus accessible de France et de Navarre. Je savais que le livre que nous avons à la librairie « Quand l’Histoire fait date » était tiré d’une série de vidéos Arte, je me suis donc lancée dans le visionnage (j’y vais tranquille, j’en ai vu deux pour le moment, c’est pas la saison pour se faire les croisés2). J’ai beaucoup aimé la vidéo sur 1347 (année de la peste noire) et les explications hyper claires de Patrick Boucheron. Moi qui suis une bille en Histoire, j’ai tout compris, ça a éclairé des tas de trucs et j’ai envie d’en apprendre encore plus sur tout un tas de choses. (Je crois que ce qui m’a fait fondre c’est quand il explique que les traces de la peste dans les archives, ce qui atteste de sa présence, ce sont les trous, les vides, les absences. Brillant, how can History be this sexy ?)

Écouter

4 Quarts d’heure

Je ne suis pas une grande consommatrice de podcasts au long cours. Mais quand Juliette Kitsch m’a parlé de 4 Quarts d’heure (car l’une des participantes, Kalindi Ramphul est maintenant autrice de deux romans) j’ai décidé de jeter une oreille en reprenant depuis le début. Le principe est simple, 4 copines discutent pendant une heure chaque semaine, racontant leurs Up et leurs Down du moment. Un podcast de conversation, où l’on se sent un peu moins seule sur certains sujets, où l’on découvre des recos (comme Into the Deep), on l’on rit beaucoup car elles sont très drôles et ont une super complicité. Je ne suis pas toujours d’accord avec elles (notamment parce qu’elles n’aiment pas Sally Rooney, ce que je prends pour un manque de goût), j’en aime certaines plus que d’autres et ça change en fonction des épisodes, mais j’aime leur manière de parler sans aucun tabou, sans performativité de la féminité. C’est comme être avec ses potes, sans public et pouvoir tout se raconter. Et c’est plutôt chouette.

Flannery O’Connor, la part du diable

Ca a commencé par Jérôme, mon collègue, qui s’est pris de passion pour Flannery O’Connor (j’aime bien et je trouve ça important de vous dire d’où je tiens mes recos, car on ne se fait jamais seul-es dans ce monde de chiens, et montrer que ce qui nous enrichit nous arrive par nos liens sociaux, c’est important) et qui en a parlé à une cliente/copine, Aurélie. Elle a écouté ce podcast et me l’a envoyé et je n’ai pas résisté car Flannery O’Connor m’intrigue depuis des années sans que j’aie lu quoi que ce soit d’elle pour le moment. Pendant une heure on déroule sa vie, les motifs récurrents de son écriture, avec différents spécialistes ou passionné-es. Mais, ce qui m’a le plus marquée, c’est la lecture d’une nouvelle (Braves gens de la campagne) par Laurent Lederer. C’était fabuleusement interprété. Et ça m’a donné très très envie de lire Flannery O’Connor.

Nuremberg : le Tribunal et l’histoire

Si vous avez lu ma dernière chronique sur la rentrée littéraire, vous savez donc que j’ai développé un intérêt croissant pour le procès de Nuremberg (toujours plus niche la meuf). J’ai donc souhaité compléter ma lecture par ce podcast en 5 épisodes (j’en ai écouté deux pour le moment, j’avoue tout, je suis une fraude). On retrouve les éléments du roman d’Alfred de Montesquiou, les noms, l’ambiance mais aussi les tenants et les aboutissants géopolitiques du procès. C’est fort bien.

Voilà, vous avez de quoi écouter / voir comme des zinzins pendant tout l’été. Et si vous avez vu / écouté des trucs de la liste, je suis preneuse de vos retours.

  1. Vous l’avez ? ↩︎
  2. Quoique …
    ↩︎

5 réponses à « Écouter / Voir de l’été »

  1. Avatar de Sabrina AEH
    Sabrina AEH

    Hello!
    (C’est mon 1er commentaire sous un post de blog wow 🥹)
    Je n’ai plus de réseau social mais je continue à suivre ton blog via flux rss pr justement avoir accès à ces recos🙌 (C’est mon 1er commentaire sous un post de blog wow 🥹
    Dans le genre film d’action pr débrancher son cerveau, j’ai vu le dernier Jurassic World et c’était pas si pire ! Scarlett Johansson et Jonathan Bailey aident bcp certes (🫶). (Y a juste la tête d’un T-Rex vers la fin qui donne envie de rire mais je ne spoile pas plus !)
    Et sinon, une reco musicale qui donne très envie de bouger son boule des le matin : Stealing Sheep – Found you
    https://link.deezer.com/s/30DoT4cFvTIYXgdKcwn2t
    Bonne journée ☀️

    J’aime

    1. Avatar de Sol

      Oh Sabrina, trop contente de te voir par ici !
      Je vais aller écouter la reco musicale avec joie! Je n’avais pas vu Jurassic World car j’avais peur que ce soit vraiment naze, mais les petites lunettes de Jonathan Bailey m’avaient aguichée (Il est également très chou dans le dernier numéro de Chicken Shop Date)
      Trop bien la vie sans réseau social, ça me tente un peu aussi, pas que j’y passe beaucoup de temps vu qu’on est 3 sur Mastodon et que Substack n’incite pas a scroller sans fin. Mais je me dis qu’une vie sans RS ça doit être reposant.
      Bon week-end 🌼

      J’aime

      1. Avatar de Sabrina AEH
        Sabrina AEH

        (On voit que je n’ai pas l’habitude des blogs avec la mise en forme de mon commentaire… mais quelle boomeuse de l’enfer je suis!)

        La vie sans RS c’est reposant oui c’est le mot! Mon Instagram existe tjs au cas où (au cas où on ne sait pas quoi mais au cas où… ) mais je n’y vais plus. Mais il faut avouer que ça coupe qd même de pas mal de trucs de n’être nulle part. Dc disons que c’est la solution idéale pour moi aujourd’hui pour ne pas être submergée de plein de trucs que j’ai pas envie de voir.

        J’ai une autre petite reco culture/musique au cas où, c’est un documentaire sur les Slits dispo sur YouTube (il faut que j’aille investiguer sur d’autres plates-formes, je suis encore très YouTube pr les docu musique c’est chiant) : https://youtu.be/qz2zdpXrDBM?si=kSis95Nxund4Nza5

        (mini spoil mais on y voit Neneh Cherry dedans, je ne savais pas qu’elles étaient liées !)

        Bref! Passe un bon week-end !

        J’aime

      2. Avatar de Sol

        On est toutes des boomeuses du web ici, ça fait le charme de la chose.
        Merci pour la reco, j’avoue qu’aujourd’hui Youtube reste encore la plateforme vidéo la plus complète dès qu’on sort un peu des Arte et compagnie niveau documentaires. Je me note le docu sur les Slits, c’est vrai que je n’ai pas l’habitude de regarder des docus musique, mais ça peut devenir une nouvelle marotte !

        J’aime

  2. […] un exemple à la fin du billet Écouter / Voir de l’été de Sorcière misandre, ou Promenade dans le cimetière londonien de Tower Hamlets chez […]

    J’aime

Répondre à Journal d’août 2025 : ce qui blesse enseigne (partie 3) – La Lune Mauve Annuler la réponse.